Le portrait d'un tyran : Havelock Vétérini dans le Disque-Monde de Terry Pratchett

  • A Portrait of a Tyrant: Havelock Veterini in Terry Pratchett’s Discworld

DOI : 10.54563/gfhla.342

Résumé

Focusing on Pratchett’s lavish depiction of an alternate universe, the paper underscores parallels between its imaginary, all-powerful ruler, Veterini, and some actual Renaissance counterparts. More significantly, Veterini appears to embody Macchiavelli’s Prince (with a dash of Hobbes). Thus counter-factual reality allows a philosophical, theoretic character to come to life and effectively exert power, another instance of the political use of uchronia. The relation between counterfactual and factual seems embodied by the art of “stealth chess” which Veterini excels at, where an additional space outside the checkers (the “Slurks”) allows the player to move his pawn in an unplottable way.

Plan

Texte

Apparaissant dans près de la moitié des Annales du Disque-monde de Terry Prachett (une vingtaine de volumes sur quarante et un), Havelock Vétérini ou le Patricien est un des personnages les plus récurrents1. Certes il n’intervient parfois que très ponctuellement mais l’on sait que le pouvoir d’un personnage ne se mesure ni au nombre de ses apparitions, ni à la quantité de pages qui lui sont consacrées, mais au pouvoir et à l’effet qu’il exerce sur les autres, à la densité de sa présence, aux réactions qu’il suscite chez le lecteur et surtout à l’intérêt que lui porte son auteur. Or Terry Pratchett ne cesse de le développer pendant près de trente ans, de La Huitième Couleur publiée en 1983 jusqu’à Coup de tabac édité en 2011. Alors qu’il était seulement désigné par sa fonction politique de patricien dans La Huitième Couleur et Sourcellerie (1988), il possède un titre et un nom à partir d’Au guet ! (1989) ; le prénom du Seigneur Vétérini, Havelock, est dévoilé cinq ans plus tard dans Le Guet des orfèvres2 (1993). Dans Ronde de nuit (2002) l’on découvre le surnom qui lui était donné dans sa jeunesse, « Bourreau-des-animaux », enfin dans Monnayé (2007), désigné comme le « tyran d’Ankh-Morpork » et l’« Assassin », il incarne le pouvoir despotique. À ces substituts, révélateurs de sa complexification, s’ajoutent toutes les informations distillées dans les scènes, les dialogues, les commentaires du narrateur et des personnages qui le côtoient. L’ensemble élabore au fil des romans un archétype fantastique qui serait celui d’un tyran absolu.

Cet aspect nous intéresse tout particulièrement dans le cadre d’une enquête sur l’usage des figures historiques dans les fictions, car Terry Pratchett a semé des indices jouant avec l’horizon d’attente de son public, horizon qu’il appelle « white knowledge »3. Ce « savoir blanc » entremêle les références culturelles et intertextuelles les plus hétérogènes, un peu comme la lumière blanche rassemble toutes les fréquences lumineuses, ou le bruit blanc, toutes les fréquences audibles ; ce savoir est donc de nature hétérogène, hétéroclite et burlesque4. L’auteur cultive les interférences entre des univers et des registres presque incompatibles par le biais de parodies et de pastiches que le lecteur est libre d’associer à des personnes et des références historiques. Entrons donc dans ce jeu d’interface entre le monde fictionnel et le monde factuel pour apprécier ce qui fait d’un tyran de fantasy une satire, c’est-à-dire une joyeuse création composée de portraits de princes italiens assaisonnée d’un peu de Machiavel et de Hobbes, qui ne laisse pas de se métamorphoser parfois en figure grotesque et inquiétante.

Vétérini : un avatar des princes italiens de la Renaissance

Alors même que Pratchett n’affiche aucune clef, le cryptage des noms de ses personnages est parfois si transparent qu’il devient une invitation à jouer avec les sources qui l’ont inspiré. Loin d’instaurer une découpure sociale comme c’était le cas dans les romans à clef, le jeu affirme et entretient une connivence joyeuse entre l’auteur et son public5. Le nom de Vétérini6 est par exemple très emblématique de cette démarche : sa syllabe finale à consonance italienne et son assonance avec le mot vétérinaire conduisent à apprécier la transformation du modèle. Formé sur l’adjectif « veterinarius » qui est un dérivé du verbe veho (porter/transporter), Vétérini renvoie à tout ce qui est relatif aux bêtes de somme et par association désigne celui qui les soigne. Vétérini est donc un soigneur, comme l’ancêtre des Médicis était médecin. Ces derniers, en affichant leur origine sur leur blason, nous y reviendrons, invitent à penser qu’ils sont prédestinés à gouverner, parce qu’ils ont les remèdes pour traiter tous les maux, de quelque nature qu’ils soient. Ce schéma de pensée par analogie, courant aux XVIe et XVIIe siècles, est parodié dans le Disque-Monde. Le corps d’État n’est plus anthropomorphisé mais animalisé, aussi la ville doit-elle être soignée et dressée comme le serait une bête. L’autorité de Vétérini est comparée à celle d’un maître-chien : « il a maté la ville comme on mate un chien »7 et sa manière de traiter les imprévus relève encore d’un combat avec des bêtes enragées comme il l’explique à Huguenon Ridculle (chef du clergé) : « si nous ne saisissons pas les événements par la peau du cou, ce sont eux qui nous sauteront à la gorge »8.

Son surnom, « Bourreau-des-animaux », semble contredire son attachement pour Karlou, un chien, qu’il porte souvent au bras ; cette affection peut paraître curieuse car l’animal, âgé de 16 ans, « c’est-à-dire plus de cent années de chien », dégage une odeur particulièrement redoutable9. L’explication de cette énigme se trouve dans Monnayé. Karlou appartenait à madame Prodigue, la directrice et propriétaire de la banque d’Ankh-Morpork ; elle l’avait baptisé Pinaille et en avait fait son unique héritier, confiant à celui qui s’en occuperait la gestion de tous ses biens10, ce qui n’est pas sans rappeler l’amour de Caligula pour Incitatus, son cheval, qu’il voulait faire consul. Cette manie de vieille dame décédée au bon moment décuple le pouvoir de Vétérini qui, en gardant jalousement Karlou près de lui, a mainmise sur tout l’argent de la banque.

L’analogie avec les Médicis, qui étaient de richissimes banquiers, s’impose. Leur blason composé de six besants rappelle les liens entre l’argent et le pouvoir politique, les trois fleurs de lys qui recouvrent le sixième témoignant de la reconnaissance du roi de France. La signification des six disques est moins claire : sont-ils une référence au boulier en lien avec le change bancaire à l’origine de la fortune de la Maison ou aux pilules que vendait l’Ancien Medici qui était apothicaire ?

Cette interrogation sur l’origine de la puissance d’une maison est emblématisée par le griffonnage qui recouvre le blason de Vétérini11 : masque-t-il des armoiries, cache-t-il leur absence ? Peu importe, il témoigne de l’existence d’un secret et d’une volonté de le cacher12. Le griffonnage est encore l’équivalent de l’art du camouflage nécessaire à toute activité politique dans le Disque-Monde, cela va de soi. Et notre personnage en connaît tous les modes : il sait se cacher et se « couler dans une flaque d’ombre »13 pour espionner, il sait escamoter les objets comme on le voit dans le numéro de godenot14 qu’il présente aux Klatchiens pour endormir leur vigilance, enfin il sait masquer sa pensée ou jouer sur les non-dits pour terrifier ses interlocuteurs, nous y reviendrons.

Le blason griffonné invite encore à interroger les origines du pouvoir, voire à s’étonner comme Vimaire de la possibilité de son existence : « Comment les roys peuvent-ils sortir du néanst ? »15 se demande-t-il. La valeur des signes emblématiques et par conséquent des signes symboliques de ce pouvoir se trouve du coup remise en question. L’absence d’armoirie illustre une pratique discrète voire occulte du pouvoir que l’on retrouve dans la manière d’être du Patricien. En effet, alors que Vétérini est un maître absolu, constate Vimaire, « il ne porte pas de couronne, il ne siège pas sur un trône et ne prétend pas régner par droit naturel »16. L’origine de cette modestie est dévoilée lorsque l’on apprend que le trône tout en or17 d’Ankh-Morporck est loin d’être solide. Vétérini en révèle la fragilité à Carotte :

C’est seulement de la feuille d’or sur du bois. C’était même encore à peine du bois. La pourriture et les vers s’étaient disputés jusqu’au bout la dernière miette biodégradable. Carotte le tâta de son épée et un morceau s’envola doucement en nuage de poussière. Qu’en pensez-vous capitaine ?
Carotte se releva. Tout bien considéré, Monsieur, il vaut sans doute mieux que personne n’en sache rien.
C’est ce que j’ai toujours pensé.18

L’ostentation du pouvoir est un leurre, le vrai pouvoir est ailleurs.

Ainsi le griffonnage de l’armoirie désigne aussi une pratique qui consiste à savoir garder un secret, préférer le silence aux paroles ou savoir couvrir diplomatiquement d’un voile la réalité. Savoir effacer, masquer les choses est comparable au laisser-faire prôné par la devise de Vétérini. Alors que celle des Médicis, « Hâte-toi lentement », s’inscrit dans une dynamique de progression, celle de Vétérini – Si non confectus, non reficiat (« Si ce n’est pas cassé, ne le répare pas », ou « Tout marche si on laisse faire ») – relève d’une volonté de non-intervention, un peu comme si le pouvoir était absent, ce qui évite de le rendre responsable.

Certes tout est une question de contexte comme se plaît à dire le Patricien19. Notre personnage sait aussi agir ou faire réagir et il a des principes, la preuve, il en change ! Et, comme le reconnaît Vimaire, il est franc : « Mais il est franc. Franc comme un tire-bouchon »20, une qualité toute politique.

Certains traits physiques du personnage évoquent César Borgia tel qu’il est emblématisé par « Le portrait d’un gentilhomme » d’Altobello Melone dans les années 1520.

Il convient tout d’abord de signaler que son portrait ne cesse d’évoluer. Dans La huitième couleur, le Patricien d’Ankh-Morpork est dépeint avec plusieurs double mentons et des mains « aux gros doigts pleines de bagues »21. Cette obésité laisse place dans les romans suivants à une maigreur caricaturale. « L’assassin qui aurait voulu s’attaquer au Patricien aurait été bien en peine de trouver assez de chair pour y enfoncer sa dague »22, explique le narrateur dans Au guet. Son apparence physique traduit donc un déséquilibre, un dérèglement – il est trop gras ou trop maigre –, elle est en ce sens hors norme et donc inquiétante.

Un détail emblématique invite pourtant à fixer ces représentations. Cosmo Prodigue, un admirateur, tente de porter la même barbe ; le résultat est caricatural : « un mince filet de poils noirs descendait le long de chacune de ses joues, effectuait un détour pour virer, toujours aussi mince, sur le nez et se rejoindre en un triangle noir juste en dessous de la lèvre inférieure, donnant ce que Cosmo devait prendre pour un air d’élégance menaçante »23. Tenterait-il d’imiter la barbe à trois pointes que porte le gentilhomme peint par Altobello Melone ? C’est ce que laissent imaginer les représentations de Vétérini dans des films produits du vivant de Terry Pratchett. Ainsi Jeremy Irons en 2008 dans la mini-série du Discworld24 ressemble au portrait supposé de César Borgia25. Cette identification a été en quelque sorte approuvée par l’auteur qui en était aussi le scénariste. On la retrouve d’ailleurs en 2010 dans Going PostalCharles Dance, en arborant la même barbe mais grisonnante, fait alors de Vétérini un César Borgia vieillissant.

Le prestige de cette ressemblance s’efface lorsque Vétérini se caricature lui-même. Alors qu’au début, il reste impassible si ce n’est un léger sourire parfois « légèrement effrayant »26 comme peut-être celui de Machiavel (cf. le portrait posthume de Nicolas Machiavel par Santi di Tito au Palazzo Vecchio de Florence), et un léger haussement de sourcil qui traduit défiance et dégoût : comme le geste que ferait celui qui « vient de trouver un bout de chenille dans sa salade et soulève le reste de sa laitue »27 . Cette mimique ne manque pas d’être copiée car, selon Cosmo, c’est sa manière de hausser le sourcil qui « maintenait l’homme à son poste »28. Et Terry Pratchett de grossir le trait. Vétérini joue à faire peur ou plutôt à se caricaturer lui-même pour désarmer ou intimider ses adversaires : il « haussa un sourcil, le maintint en place […] haussa l’autre encore plus haut »29, c’est ainsi qu’il est dessiné par Paul Kidby dans The Pratchett Portfolio.

Figure 1.

Figure 1.

Dans le Disque-Monde, l’imitateur de Vétérini ne peut être qu’un pantin, un avatar du « Dictateur » de Charlie Chaplin, avec non la petite moustache mais une ébauche de barbe, une canne, une bague noire, et une usure de chaussures30, mais le modèle conserve l’élégance dangereuse d’un César Borgia, et ses actions comme ses discours relèvent d’un imaginaire moral et politique inquiétant que le Serviteur, titre du seul ouvrage qu’il dit avoir écrit, emblématise et parodie.

Le Serviteur ou de l’application de quelques préceptes machiavéliens

Il ne s’agit certes pas de postuler une réécriture du Prince de Machiavel dans le Disque-Monde mais de voir comment quelques-uns des principes éducatifs énoncés par les miroirs des princes et le secrétaire italien sont transposés dans le monde de la fantasy. Pour ce faire, on s’intéressera plus particulièrement à l’éducation et à la culture de Vétérini, à ses habitudes et à sa pratique du pouvoir.

L’éducation et la culture

Le prince de la Renaissance, cultivé, élégant, fin politique, est capable de briller à la guerre comme dans les cours, il possède la maîtrise des armes et des codes courtois. Son éducation sous l’égide de précepteurs est donc complète.

Vétérini quant à lui est « diplômé et maintenant prévôt des Assassins à la GUILDE DES ASSASSINS »31. Ces premiers mots de la notice du Nouveau Vade-Mecum consacrée au Patricien donnent une idée de son éducation. Cette école a été fondée à Ankh-Morpork en 1512 pour offrir « la meilleure éducation du monde et la plus complète »32. Il lui doit sa capacité à se sentir à l’aise en toute compagnie et à jouer au moins d’un instrument de musique, sa tenue qui pour l’assassin « en liberté » « se doit d’être noire »33, une pratique habile mais intéressée de l’assassinat sachant que le grand respect pour la vie humaine des membres de la Guilde est prouvé par le prix qu’ils demandent pour la supprimer, enfin et surtout sa maîtrise des échecs furtifs qu’il convient d’expliciter. Ce jeu en effet nécessite du joueur une « paranoïa effrénée » et l’art de circuler dans « l’esbigne », un espace sur l’échiquier en dehors des cases, dans lequel le « déplacement de l’assassin ne se produit pas dans la direction qu’il semble prendre » car il se déplace dans une autre dimension34.

La transposition politico-historique est possible, à chacun d’y voir suggérées les fausses amitiés, les parodies d’alliances, et surtout les assassinats politiques qui jalonnent toujours la montée au pouvoir des tyrans. Pour l’Italie du XVe et XVIe siècle, les plus connus sont ceux qui ont frappé les Médicis, de Julien assassiné en 1478 à Alexandre de Médicis poignardé à 26 ans par Lorenzino de Médicis en 1537 ; sans compter quelques discrets empoisonnements. La pratique des échecs furtifs est donc un art de la ruse qui renvoie à la vertu du renard chez Machiavel.

Dans le Disque-Monde, la perspective est inversée, le crime n’est plus une mesure exceptionnelle et extraordinaire mais un art que l’on enseigne et qui, maîtrisé, suscite l’admiration. Il est donc normal que « deux ou trois meurtres mystérieux »35 aient favorisé la promotion du Patricien, et qu’il soit publiquement reconnu comme « un assassin accompli, spécialisé en déplacements furtifs et en poison »36. Cette spécialisation suppose une éducation dont le programme comporte la connaissance de toutes les techniques d’empoisonnement, allant de l’arsenic au mercure37, ce qui ne peut s’acquérir qu’avec la fréquentation d’anciens traités médicaux.

Vétérini est donc un grand lecteur. Il n’est pas en quête de modèles, il ne s’agit pas pour le Serviteur d’avoir sous les yeux des exemples à imiter comme le conseille Machiavel dans le Prince38 mais de découvrir des pratiques et des techniques. Aussi est-il décrit lisant un art du camouflage et de « La dentellerie à travers les âges »39 ou encore des rapports et des lettres qui ne lui sont d’ailleurs pas forcément adressés. Tenu informé des moindres rumeurs, le Patricien est encore un lecteur perspicace pour qui les inférences et les déductions n’ont aucun secret : il reconstitue les adresses incomplètes ou indéchiffrables dans Monnayé40, entend les non-dits, lit dans les pensées et sait s’intéresser « particulièrement aux intervalles entre les mots. Là se tapissait ce qu’il ignorait, espéraient-ils, et qu’ils ne voulaient pas le voir découvrir. »41

Les principes éducatifs inculqués par la Guilde des Assassins s’inspirent de l’éducation humaniste des princes par la variété et la densité de la matière enseignée, mais elle est caricaturée et détournée car elle est au service de pratiques sans scrupules. L’éducation de Vétérini, fondée sur la méfiance et l’art de tuer, justifie son mode de vie qui est une inversion du modèle italien de la Renaissance.

Habitudes et pratiques culturelles

Comme le veut la tradition, Machiavel associe la richesse à la force du pouvoir et recommande au prince d’agir toujours dans la libéralité et la somptuosité afin d’impressionner. Vétérini représente en ce sens le contre-modèle des princes italiens de la Renaissance. Nulle générosité ne lui est possible (si par hasard, il en éprouvait l’envie) puisqu’Ankh-Morpork est une ville ruinée, situation qui ne concerne pas la banque, cela va de soi. Vétérini ne donne donc rien, mais il prend beaucoup : les impôts annuels sont comptés par tête et il accepte sans problème d’« en faire sauter quelques-unes » si l’on s’en plaint42.

Il n’engage nulle dépense sur le plan vestimentaire, car il est toujours vêtu de noir43 comme le veut la tradition de sa guilde, nous l’avons dit, mais c’est un noir psychologiquement pesant44, tout en étant le noir « discret, légèrement passé de qui ne veut pas perdre son temps chaque matin à se demander quoi se mettre »45. Sur le plan des festivités cela n’est pas mieux, et la galerie des masques mortuaires46 de ses prédécesseurs, seul ornement du château, donne le ton ; il mène une vie austère, presque monacale si l’on considère son régime alimentaire : « Alors que d’autres seigneurs déjeunaient d’alouettes fourrées aux langues de paons, le seigneur Vétérini considérait qu’un verre d’eau bouillie et une demi-tranche de pain sec suffisaient en matière de raffinement »47. Il donne rarement des bals48, il a interdit le théâtre de rue et fait pendre tout mime par les pieds dans une fosse à scorpions avec une pancarte « apprends ton texte » afin qu’il change de métier. Il n’apprécie pas le « foot Baule »49. Mais en bon politique, il fait des entorses à ses goûts et principes quand il y va de son intérêt ou de son plaisir : ainsi on le voit déroger à son régime en dégustant un œuf dur car, explique-t-il, « une pendaison me donne toujours faim »50, boire avec les mages dans un banquet pour mieux les manipuler ou se rendre au cinéma pour observer le public51.

Des artistes52 sont à son service, des savants fous comme un certain Léonard de Quirm (Léonardo da Quirm, comme le précise le Vade mecum53) qui réside dans une mansarde du palais. Comme Léonard de Vinci qui a été un temps au service de César Borgia, son double fictionnel sert le Patricien. Il est dépeint avec « beaucoup de cheveux, longs et bouclés, qui lui tombent presque jusqu’aux épaules et une grande barbe dans laquelle un poulet pourrait se dissimuler »54 et décrit dans une hyperactivité chaotique et têtue55 : il peint (on trouve au Musée royal des Beaux-Arts d’Ankh-Morpork une Mona Ogg56 dont les dents suivent, dit-on, les visiteurs autour de la salle), et invente des « machins mécaniques »57 que Vétérini récupère à la manière d’une vieille dame qui pense que cela peut servir un jour. Ces « bouts de ficelles », ce sont des idées d’armes efficaces, ou des moyens de déplacements furtifs comme le Bateau fond de cale58. Ne nous y trompons pas : le politique dans l’univers d’Ankh-Morpork ne prépare pas la guerre pour avoir la paix, il a fait sienne la fameuse maxime du général Tacticus, « Si tu veux la guerre, prépare la guerre »59.

Vétérini s’impose donc comme un contre-modèle emblématique de la figure du prince, qui d’ailleurs sur le plan historique a fait long feu, pour devenir la figure du Serviteur.

Le Patricien en Serviteur ou de la pratique du pouvoir

Le Serviteur, parce qu’il « sert », se définit par une action et donc une position d’apparence inférieure. La plupart des dictateurs se disent toujours, du moins au début de leur « règne », au service du peuple ; ils en sont issus, disent-ils, d’où la modestie de leur tenue : ils sont souvent revêtus d’un uniforme – notre personnage a adopté celui de sa guilde – et ils adoptent en apparence du moins des règles de vie quasi spartiates : rien ne doit les détourner de leur objectif qui est de faire fonctionner l’État… dans le sens qui leur convient. Comment ce fonctionnement est-il représenté dans le Disque-Monde ? En quoi retrouve-t-on des préceptes machiavéliens mais aussi des représentations communes à des théoriciens politiques influencés par Machiavel ?

Le politique a en général un projet de gouvernement conduit par une vision de la res publica. Ce projet découle d’une observation et d’un point de vue surplombant. Sur le plan concret, Vétérini se trouve très souvent représenté « seul, debout à la fenêtre »60 contemplant sa ville de son bureau oblong61, une posture qui n’est pas sans rappeler celle du tyran dépeint par Naudé, qui guette

d’un œil ferme et assuré, et quasi comme étant sur le donjon de quelque haute tour, tout ce monde, se le présentant comme un théâtre assez mal ordonné, et rempli de confusion, où les uns jouent des comédies, les autres des tragédies, et où il lui est permis d’intervenir tanquam deus aliquis ex machina toutefois et quantes il en aura la volonté.62

Pour Vétérini, Ankh-Morpork est moins un théâtre qu’un jouet d’enfant : « Elle avançait en tournant joyeusement comme une toupie au bord d’un virage surplombant un ravin, et tout ça, croyait fermement le patricien, parce qu’aucun groupe n’était assez puissant pour la faire basculer »63. Cet équilibre spectaculaire est dû à l’habileté de celui qui en gère les mécanismes ; ces derniers sont décrits un peu plus loin sur un mode fantastique :

De grandes roues dentées, de petites roues dentées. Qui cliquettent indéfiniment. Les petites roues tournent à toute allure et les plus grandes plus lentement, toutes à des vitesses différentes, vous voyez, mais la machine fonctionne. Et c’est là le plus important. La machine ne s’arrête pas. Parce que quand la machine tombe en panne…64

L’éventualité d’une panne est une véritable angoisse pour Vétérini, qui en imagine la cause : il suffit qu’« un grain de sable se glisse dans les rouages et les dérègle. Un seul grain de sable. Je ne veux pas de cela. » Dans le Disque-Monde, ce grain de sable prend de multiples formes : si c’est un touriste visitant la ville, il doit être surveillé ; s’il s’agit d’un dragon grillant tout ce qui bouge, il doit être éliminé ; s’il s’agit de potentiels adversaires désireux de prendre sa place, il faut les neutraliser. Cosmo Prodigue est un exemple emblématique de cette dernière possibilité. Ce fan, dont nous avons parlé et qui veut lui ressembler physiquement, imiter ses gestes, posséder ses objets, se retrouve à la fin de Monnayé dans un asile de fous réservé à ceux qui sont persuadés d’être le vrai Vétérini et qui est, comme on s’en doute, plein à craquer.

Pour le Patricien, la ville est donc comme une horloge dont le mouvement ne doit pas être entravé ; ses habitants, des mécanismes qu’il faut parfois forcer : il y a « dans chaque homme une espèce de serrure à laquelle correspond une clé »65. Son prénom Havelock fait de lui un homme capable de bloquer les rues et les émeutes mais aussi un passe-partout, capable d’entrer dans les cœurs et les pensées.

Sa connaissance du fonctionnement de chacun lui permet de s’adapter à ses interlocuteurs, de créer une sorte de complicité en leur donnant ce qu’ils veulent entendre. Avec Vimaire, il se lance dans des considérations politiques et assume le rôle d’une sorte de Créon tel que le dépeint Anouilh dans Antigone : « Vous détrônez le tyran malfaisant, et le lendemain tout le monde reste assis à se plaindre que depuis le départ du dictateur personne n’a ramassé les ordures. Parce que les méchants sont des organisateurs. […] tout tyran malfaisant a un plan pour diriger le monde. Les bons n’ont apparemment pas ce talent-là. »66 Avec sa tante Margolotta, il synthétise sa vision du passé : « le cours de l’histoire requiert des bouchers autant que des bergers »67 ; avec l’Archichancelier, il aborde des notions éthiques : « je vois le mal quand je me rase devant mon miroir. Il est, philosophiquement, présent partout dans l’univers afin, semble-t-il, de mettre en lumière l’existence du bien. Je crois que cette théorie va plus loin, mais j’ai tendance à éclater de rire quand j’en suis là. »68 Pour le tyran situé en haut de sa tour, la dichotomie entre le bien et le mal et tout ce qui relève de la morale prêtent à rire ; seule compte l’efficacité des actions qui lui permettent de garder le pouvoir.

Dans l’univers du Disque-Monde, posséder et garder le pouvoir, c’est maîtriser l’art de la division et mettre en application une pratique machiavélienne d’infiltration des partis de l’opposition pour se maintenir sûrement en place. Wonse n’a pas de doute, Vétérini « était de la plupart des complots contre lui-même, c’est comme cela qu’il dirigeait la ville »69. Il élimine ainsi ses opposants, et utilise toutes les rivalités à son profit : « si on le jetait à une bande de loups, observe-t-on, il les amènerait après quelques minutes de discussion à s’entredéchirer »70. Partageant le cachot du Patricien, Vimaire découvre que même en prison il « encourageait à une échelle réduite toutes les petites rivalités, luttes pour le pouvoir et factions ». A-t-il conseillé aux rats de s’allier aux scorpions contre les serpents, puis, ces derniers vaincus, d’inviter les scorpions à un festin pour les empoisonner ? Les rats sont en tout cas devenus ses serviteurs dévoués. Vimaire l’imagine alors « comme une statue sombre et soucieuse au milieu de pavés grouillants d’ombres furtives et de brusques décès politiques »71.

Le tyran n’est plus en haut de sa tour, il domine et tient le pavé.

Le pouvoir du Patricien implique une posture de supériorité, une manière d’être en dehors et au-dessus des guildes et des conflits internes de sa cité. Pour cela, il laisse croire qu’il est l’homme de la situation, le seul à pouvoir équilibrer les forces qui s’opposent non à lui (il n’est que le serviteur) mais entre elles. Cependant, contrairement au tyran qui dans l’Histoire se présente aux foules comme le sauveur, l’homme du progrès et du changement, Vétérini se veut un conservateur, celui qui maintient l’équilibre des choses comme elles sont.

Son absence d’ambition ainsi que sa politique de non-intervention paradoxalement le protègent et le maintiennent au pouvoir :

Sa principale protection, c’était que tout le monde le trouvait un peu plus utile vivant que mort. Les grandes et puissantes guildes ne l’aimaient pas, mais elles préféraient le voir, lui, au pouvoir plutôt qu’imaginer un membre d’une guilde rivale dans le bureau oblong.72

Cependant l’équilibre entre les forces antagoniques reste instable et provisoire ; la paix selon Vétérini n’est qu’« une période de repos et de réarmement avant la prochaine guerre », et, ajoutons-nous, la prochaine défaite.

Alors que le bon politique, selon Machiavel, pour résister à ses ennemis, doit construire des forteresses afin d’empêcher les révoltes, et avoir un lieu sûr de refuge, dans le Disque-Monde le raisonnement s’inverse : Vétérini ne résiste jamais, bien au contraire il se constitue prisonnier, et exige même une arrestation spectaculaire73. Il veut aussi qu’on l’installe dans le meilleur cachot qui soit. C’est bien sûr celui qu’il a fait construire selon son précepte « Ne jamais bâtir un cachot d’où l’on ne peut sortir »74 et dont le mécanisme de la serrure se trouve à l’intérieur, de même que la clef75.

Vétérini ne règle pas les conflits par la force et la violence ; soit il attend en prison que « cela passe » selon sa devise, soit il a recours à la diplomatie c’est-à-dire au pouvoir des mots. Ainsi, devant la guerre qui menace sa ville, il explique :

Nous n’avons pas de bateaux. Nous n’avons pas d’hommes. Nous n’avons pas d’argent non plus. Évidemment nous avons l’art de la diplomatie. C’est étonnant les résultats qu’on obtient quand on emploie les mots appropriés76.

Ce « redoutable » cruciverbiste77 s’y exerce sans arrêt ; il aime écrire, s’intéresse à l’étymologie, manipule l’équivoque pour créer un malaise chez ses interlocuteurs qui, du coup, prêtent « une grande attention » à ce qu’il dit car ils constatent que chez le Patricien, « Les mots, parfois, bien que manifestement dociles, avaient tendance à revenir mordre. »78

Ces morsures, ce sont les interprétations qui travaillent la victime devenue paranoïaque, car la menace véhiculée par les mots est d’autant plus forte qu’elle relève d’une peur imaginaire. Ce principe est emblématisé notamment par la formule anodine « je ne voudrais pas te/vous retenir » qui produit le même effet qu’une torture comme l’explique le narrateur : 

Cette expression (avait été) mise au point par Vétérini. Le double sens discordant provoquait des courants sous-jacents de malaise dans les esprits les plus innocents, une manière d’exercer la tyrannie sans effusion de sang à faire honte à un chevalet.79

Le subtil usage de l’équivoque souligne cet art du petit détail dans lequel le politique est passé maître ; il met en lumière certains mots pour en masquer d’autres à la manière des clauses en bas de page et en tout petits caractères dans un contrat. Comme un magicien, le Patricien capte l’attention pour escamoter le « poulet » : la polysémie du mot est réactivée ici, sa signification renvoyant tantôt au poussin caché par un magicien, tantôt au policier. Vétérini, déguisé en saltimbanque dans Va-t-en-guerre pour entrer dans le palais des Klatchiens, se métamorphose en joueur de gobelets, comme nous l’avons dit, et devant l’étonnement de Colomb, un garde, il explique que son entrainement à ce jeu n’est autre que théorique puisqu’« en politique, il est toujours important de savoir où se trouve le poulet »80. Ce poulet se trouve dans un traité de paix conclu entre les Klatchiens et Ankh-Morpork ; il doit être signé sur l’île Leshp qui vient de surgir des eaux : moyennant finance, la ville cède toutes ses prérogatives sur ce nouveau territoire. Quand le chapeau du magicien est soulevé, les Klatchiens découvrent qu’ils ont renoncé à un avantage militaire et donné de l’argent en échange d’un rocher qui a sombré sous la mer81.

Ainsi, dans le Disque-Monde, la pratique du pouvoir relève d’une habile maîtrise de tous les jeux de leurre, et le politique apparaît comme un habile manipulateur de gobelets et de traités.

Ces rapports spéculaires qui s’établissent entre l’univers du Disque-Monde et les modèles politiques de la Renaissance dépeints notamment dans le Prince de Machiavel, sont-ils programmés par les jeux d’indices insérés dans le texte, ou bien le fait de hasards et de coïncidences ? Relèvent-ils d’une intentio lectoris82 qui aurait peut-être fait sourire l’auteur ? Il n’en reste pas moins que Vétérini est bien une figure du tyran. Cette image amalgame un ensemble hétéroclite de références qui sont travaillées par des jeux d’écart avec des modèles, et une transposition fantaisiste des pratiques tyranniques qui ont jalonné l’histoire. Les vieux préceptes stratégiques, les représentations qui associent la force du pouvoir à l’apparat et l’ostentation, le modèle éthique de l’homme d’État sont tour à tour revus et corrigés à travers ce personnage caméléon. À la manière d’un portrait d’Arcimboldo, il possède les caractéristiques d’un Médicis et d’un Borgia, d’un dictateur, d’un animal prédateur, d’une vieille dame, d’un joueur de gobelets dans une foire. Sur un plan plus subjectif, ses discours font de lui un penseur de sa pratique, et laissent entrevoir sa vision de la machine d’État. Il est à la fois tragique et grotesque, de ce fait insaisissable et extraordinairement puissant dans l’univers de la fiction, au point d’en déborder et de laisser imaginer, dans un retournement carnavalesque et uchronique autorisé par l’intentio lectoris, que de futurs Serviteurs pourraient s’inspirer de son portrait. Aussi faut-il lui laisser le dernier mot.

Vous ai-je dit que je suis un politicien ? Ingénieux : astucieux, malin, matois, spécieux, habile, futé, à la hauteur et même, oui, malicieux. Un mot qui a du bon et du mauvais. Ingénieux… est un mot ingénieux.83

Notes

1 Le personnage apparaît dans La Huitième Couleur, 1983 ; Sourcellerie, 1988 ; Au guet !, 1989 ; Les Zinzins d’Olive-Oued, 1990 ; Le Faucheur, 1991 ; Le Guet des orfèvres, 1993 ; Accros du roc, 1994 ; Les Tribulations d’un mage en Aurient, 1994 ; Pieds d’argile, 1996 ; Va-t-en-guerre, 1997 ; Le Cinquième Éléphant, 1999 ; La Vérité, 2000 ; Le Dernier Héros, 2001 ; Ronde de nuit, 2002 ; Timbré, 2004 ; Jeu de nains, 2005 ; Monnayé, 2007, Allez les mages !, 2009 et Coup de tabac, 2011, sans oublier Disque-Monde. Le nouveau vade-mecum, 2003. Les dates de publication renvoient ici à l’édition originale. Nous ne donnons par la suite que les éditions traduites par Patrick Couton. Retour au texte

2 La première occurrence apparaît dans une conversation entre dame Ramkin et Vimaire : la première demande au second s’il est allé voir Havelock ; ce dernier « ne se ferait à l’idée que le Patricien avait un prénom, ou qu’on puisse un jour connaître assez intimement l’homme pour l’appeler de cette façon », Le Guet des orfèvres, Paris, éd. Pocket, Fantasy, 2004, p. 39. Retour au texte

3 « He has created the term « white knowledge » to describe the concept of myth and white noise. White knowledge, the building-blocks of knowledge that weave and bind a culture together, creates the best and most important reference base for an author, and Pratchett has tapped it masterfully. In the process, Pratchett has connected his novels to the reader through the cultural fabric, making them more recognizable and more interesting, whether as parody, satire, pun, or generalized allusion », William T. Abbott, White Knowledge and the Cauldron of Story : The Use of Allusion in Terry Pratchett’s Discworld, Electronic Theses and Dissertations, May 2002 https://www.lspace.org/books/analysis/bill-abbott.html, consulté 25 juillet 2021. Retour au texte

4 « Le burlesque est ici conçu comme une écriture railleuse qui joue avec des parlures et des genres hétéroclites, donc avec des discordances, […] liée à un ethos d’écrivain ludique, qui met au service du divertissement un imaginaire original, une invention et une élocution tout en surprises et en merveilles », Claudine Nédélec, « Réécritures burlesques », Littératures classiques, n° 74, 2011/1, p. 125-140. DOI : 10.3917/licla.074.0125. URL : https://www.cairn.info/revue-litteratures-classiques1-2011-1-page-125.htm Retour au texte

5 Bernard Beugnot, « Œdipe et le Sphinx : essai de mise au point sur le problème des clés au XVIIe », Le statut de la littérature, mélange offert à Paul Benichou, éd. par Marc Fumaroli, Genève, Droz, 1982, p. 71-115. Retour au texte

6 Patrick Couton a choisi de traduire Vétinari par Vétérini, ce qui crée une nette assonance en français avec le mot vétérinaire. Retour au texte

7 Va-t-en-guerre [2003], Nantes, L’Atalante, 2007, p. 218. Retour au texte

8 Ibid., p. 51. Retour au texte

9 Il dégage une « odeur de chien crevé », ibid., p. 52. Retour au texte

10 Monnayé, Paris, éd. Pocket, 2019, p. 491. Retour au texte

11 Le griffonnage, en ce qu’il relève d’un acte volontaire d’effacement de quelque chose, questionne. Le blason inséré dans Disque-Monde. Le nouveau vade-mecum témoigne bien de ce geste ; sur les sites internet on ne trouve qu’un blason noir, couleur de la guilde de Vétérini. Cette uniformatisation supprime le geste nerveux de celui qui a effacé les origines des Vétérini (cf. Terry Pratchett, Stephen Briggs, Disque-Monde. Nouveau Vade-Mecum [2003], Nantes, L’Atalante, 2006, p. 375, et par exemple pour le blason noir :   https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/764403 Retour au texte

12 La discrétion, disons sa capacité à se faire oublier, est un attribut du personnage, ce qui donne lieu à une anecdote digne d’un recueil de blagues : il a eu 0 à son examen de déplacement furtif, l’examinateur ayant affirmé ne jamais l’avoir vu à aucun de ses cours (cf. Ronde de nuit, op. cit., p. 232). Retour au texte

13 Ronde de nuit, op. cit., p. 231.  Retour au texte

14 Il cache sous des peaux de melons un œuf devant une foule de badauds. Ce tour sera appliqué en politique lors du faux traité de paix qu’il propose aux Klatchiens (Va-t-en-guerre, op. cit., p. 357sqq). Retour au texte

15 Au guet !, op. cit., p. 179. Retour au texte

16 Le Guet des orfèvres, op. cit., p. 74. Retour au texte

17 Ibid., p. 401. Retour au texte

18 Ibid., 401-402. Retour au texte

19 Monnayé, op. cit., p. 408. Retour au texte

20 Le Guet des orfèvres, op. cit., p. 74. Retour au texte

21 Au Guet, p. 38. Retour au texte

22 Ibid., p. 87. Retour au texte

23 Ibid., p. 126. Retour au texte

24 Discworld (The Colour of Magic), réalisateur et scénariste Jean Vadim, scénariste Terry Pratchett, 2008. Le personnage n’y fait que deux très brèves apparitions au début et à la fin du film. Dans Going Postal (2010), la mini-série réalisée par Jon Jones, Vétérini est joué par Charles Dance ; l’acteur arbore une barbe et incarne un César Borgia plus âgé. Retour au texte

25 Galerie de l’Académie Carrara, Bergame. Retour au texte

26 Monnayé, op. cit., p. 26. Retour au texte

27 Ibid., p. 25. Retour au texte

28 Ibid., p. 158. Retour au texte

29 Ibid., p. 411. Notons qu’Adora Belle n’est pas impressionnée, et qu’il est donc simplement ridicule. Retour au texte

30 Sa pointure est 42, il use le talon gauche un peu plus que le droit ; cf. Monnayé, op. cit., p. 164. Retour au texte

31 Terry Pratchett, Stephen Briggs, Disque-Monde. Nouveau Vade-Mecum, op. cit., p. 375. Retour au texte

32 Ibid., p. 156. Retour au texte

33 Disque-Monde. Nouveau Vade-Mecum, op. cit., p. 164. Retour au texte

34 Ibid., p. 162-163. Retour au texte

35 Monnayé, op. cit., p. 158. Retour au texte

36 Allez les mages !, op. cit., p. 204. Retour au texte

37 « L’arsenic est un poison très à la mode, reprit le Patricien. Des centaines d’usages domestiques. Le diamant pilé a été en vogue pendant des siècles, même si la formule échouait toujours. Les araignées géantes aussi, on se demande pourquoi. Le mercure, c’est pour les gens qui ont de la patience, l’Aqua Fortis pour ceux qui n’en ont pas. La cantharide a ses partisans. On obtient d’excellents résultats avec la sécrétion d’animaux divers. Les humeurs de la chenille du papillon météo-quantique rendent très, très impuissant. Mais on revient à Arsenic comme vers un très vieil ami », Pieds d’argile, op. cit., p. 89. Retour au texte

38 Il se doit « de lire les historiens, y considérer les actions des hommes illustres, examiner leur conduite dans la guerre, rechercher les causes de leurs victoires et celles de leurs défaites, et étudier ainsi ce qu’il doit imiter et ce qu’il doit fuir. Il doit faire surtout ce qu’ont fait plusieurs grands hommes, qui, prenant pour modèle quelque ancien héros bien célèbre, avaient sans cesse sous leurs yeux ses actions et toute sa conduite, et les prenaient pour règles. C’est ainsi qu’on dit qu’Alexandre le Grand imitait Achille, que César imitait Alexandre, et que Scipion prenait Cyrus pour modèle », Machiavel, Le Prince, in Œuvres, édition et traduction par Christian Bec, Paris, Robert Laffont [coll. « Bouquins »], 1996, chapitre XIV, p. 147. Retour au texte

39 Ronde de Nuit, op. cit., p. 192 ; Au guet !, op. cit., p. 292. Certes ce dernier choix ne dépend pas de lui, puisque c’est un rat illettré qui le lui a apporté. Notons cependant que parmi les livres de la petite bibliothèque que le prisonnier a constituée, l’auteur ne mentionne que ce titre. Retour au texte

40 Monnayé, op. cit., p. 102. Retour au texte

41 Va-t-en-guerre, op. cit., p. 22. Retour au texte

42 Le Faucheur [2002], Paris, Pocket, 2011, p. 78. Retour au texte

43 Certes, il peut déroger à cette règle et adopter le gris et le vert non par goût mais afin de mieux se dissimuler : « Le noir, c’était de bon goût, et puis c’était le règlement. Mais il ne le trouvait judicieux que dans une cave obscure à minuit. Ailleurs il préférait le vert sombre ou des nuances de gris foncé. Un bon coloris, une bonne position, et vous disparaissiez », Ronde de nuit, op. cit., p. 337. Retour au texte

44 « Il produisait l’effet d’un poids de plomb sur une feuille de caoutchouc », ibid., p. 47. Retour au texte

45 Au guet !, op. cit., p. 88. Retour au texte

46 Cf. Monnayé, op. cit., p. 256 et 133. Retour au texte

47 Au guet !, op. cit., p.87. Retour au texte

48 Ibid., p.181. Retour au texte

49 Allez les mages !, op. cit., p. 43. Retour au texte

50 Monnayé, op. cit., p. 251. Retour au texte

51 Les Zinzins d’Olive Oued, op. cit., p. 343-345. Retour au texte

52 Nous ne parlerons pas ici de Bougre de Sagouin Jeanson, car Vétérini n’est pas amateur de jardins, contrairement à Louis XIV, mais son labyrinthe mériterait une petite visite ; cf. Le Guet des orfèvres, op. cit., p. 81. Retour au texte

53 Le nouveau Vademecum, op. cit., p. 226-228. Retour au texte

54 Ibid., p. 226. Retour au texte

55 « C’était le siège et l’âme de cette force qui, millénaire après millénaire, poussait l’humanité à enfoncer les doigts dans la prise électrique de l’univers et jouer avec l’interrupteur pour voir ce qui se passe – et ensuite s’étonner du résultat », Va-t-en-guerre, op. cit., p. 106. Retour au texte

56 Ce n’est pas nounou Ogg ! Retour au texte

57 Le Guet des orfèvres, op. cit., p. 196 ; voir par exemple la « machine-à-tourner-à-roue-avec-des pédales-derrière-une-autre-roue », ibid., p. 80. Retour au texte

58 L’ancêtre du sous-marin. Va-t-en guerre, op. cit., p. 106 et 285. Retour au texte

59 Ibid., p. 318. Retour au texte

60 Au guet !, op. cit., p. 95. Retour au texte

61 L’analogie avec le Bureau ovale de la Maison-Blanche est possible. Retour au texte

62 Considérations politiques sur les coups d’État, citées par Christian Jouhaud, « Les libelles en France dans le premier XVIIe siècle : lecteurs, auteurs, commanditaires, historiens », XVIIe siècle, avril-juin 1997, p. 210. Gabriel Naudé, Considérations politiques sur les coups d’État [1667], Les Éditions de Paris, 1988, chap. IV, p. 138-141. Retour au texte

63 Le Guet des orfèvres, op. cit., p. 195. Retour au texte

64 Ibid., p. 196. Retour au texte

65 Monnayé, op. cit., p. 31. Retour au texte

66 Au guet !, op. cit., p. 334.  Retour au texte

67 Allez les mages !, op. cit., p. 499. Retour au texte

68 Ibid., p. 345. Retour au texte

69 Au guet !, op. cit., p. 72. Retour au texte

70 Disque-Monde. Le nouveau vade-mecum, op. cit., p. 376. Retour au texte

71 Au guet !, op. cit., p. 284. Retour au texte

72 Pieds d’argile, op. cit., p. 91. Retour au texte

73 Il exige « de porter davantage de chaîne » (cf. Va-t-en-guerre, op. cit., p. 452-453). Retour au texte

74 Au guet !, op. cit., p. 284, p. 308. Retour au texte

75 Ibid., p. 284-6. Le prénom programmatique Havelock trouve ici un de ses nombreux sens. Retour au texte

76 Va-t-en-guerre, op. cit., p. 33. Retour au texte

77 Allez les mages !, op. cit., p. 366. Retour au texte

78 Ibid., p. 343. Retour au texte

79 Monnayé, op. cit., p. 179. Retour au texte

80 Va-t-en-guerre, op. cit., p. 361. Retour au texte

81 Ibid., p. 429, p. 432, p. 453, p. 455. Retour au texte

82 Umberto Eco, Les limites de l’interprétation, traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, Paris, Grasset, 1992. Retour au texte

83 Allez les mages !, op. cit., p. 83. Retour au texte

Illustrations

Citer cet article

Référence électronique

Myriam Tsimbidy, « Le portrait d'un tyran : Havelock Vétérini dans le Disque-Monde de Terry Pratchett », Grandes figures historiques dans les lettres et les arts [En ligne], 11 | 2022, mis en ligne le 06 avril 2022, consulté le 17 mai 2024. URL : http://www.peren-revues.fr/figures-historiques/342

Auteur

Myriam Tsimbidy

Université Bordeaux-Montaigne

Droits d'auteur

CC-BY-NC